Bonjour Bertrand, pouvez-vous nous parler de votre parcours professionnel ?
Mon parcours a démarré dans le domaine de la finance, à la suite de formations en France et aux États-Unis. J’ai exercé en audit externe, ce qui m’a beaucoup appris sur le fonctionnement des entreprises.
J’ai évolué vers le contrôle de gestion de Bricorama France puis j’ai contrôlé les filiales européennes de Bolloré branche transport. J’ai ensuite rejoint Picard Surgelés qui était alors une enseigne uniquement parisienne. J’ai développé le réseau PACA, puis le Nord, créé en partenariat avec Shell un concept de magasins Picard avec station-service, étudié des rachats de fournisseurs… Après ces années formatrices, j’ai été nommé Directeur marketing-produits de Paul, la célèbre chaîne de boulangeries. Cultivé et passionné, son Président m’a appris le sens obsessionnel du détail et m’a transmis l’amour du produit.
Puis j’ai intégré Auchan en tant que Directeur de centrale d’achat pour la boulangerie et la pâtisserie. Ma mission initiale était de centraliser la production, mais j’ai finalement proposé une méthode de production décentralisée pour privilégier la qualité, ce qui a largement boosté nos ventes. Après cette expérience, je suis retourné chez Picard, où l'objectif était de dynamiser la rentabilité du portefeuille produit. Nous y sommes parvenus en améliorant la qualité des produits ET en baissant nos prix de vente. Nos clients ont plébiscité notre positionnement ! Pari gagné.
C’est alors que, par un heureux hasard, j’ai rejoint CDAF Formation, lorsque l'on m’a contacté en me demandant si je pouvais animer une formation achat en anglais. J’ai accepté et cela a été le début d’une collaboration enrichissante. J’ai également été nommé maître de conférences à l’Université de Dunkerque. C’est un recrutement sur concours que j’ai remporté trois fois. Mais j’ai finalement décidé de me consacrer pleinement à CDAF, à l’accompagnement des étudiants de MBA Achat à l'ESAP, et à des missions en intérim.
Comment être passé de la finance aux achats ?
J’ai été nommé Directeur Achat presque par hasard. J’ai eu la chance d’être entouré chez Auchan par des collaborateurs brillants et impliqués qui m’ont appris les bases et les subtilités du métier. Je pense que j’aurais pu aller encore plus vite et plus loin avec une formation sérieuse en achats dès le début. Une formation dédiée m’aurait permis de gagner en efficacité, en rapidité, résilience et d’acquérir des compétences stratégiques essentielles pour la profession.
Je pense aussi qu’une formation acheteur ouvre de nombreuses portes vers des postes de direction. Les acheteurs sont souvent intégrés aux comités de direction, ils savent s’adresser aux dirigeants des fournisseurs, c’est une bonne école. J’observe aussi que la fonction achats est en pleine évolution, elle n’a pas fini de gagner en importance et elle offre déjà une employabilité exceptionnelle.
Qu’est-ce qui vous motive à enseigner chez CDAF ?
Je pourrais travailler dans beaucoup de centre de formation, mais ce que j’aime particulièrement chez CDAF, c’est l’enthousiasme et l’engagement sincère des formateurs et de toute l’équipe pédagogique. Nous avons tous un objectif commun : faire progresser les apprenants, les aider à grandir, et cela avec une certaine générosité. Cette atmosphère unique crée une émulation constructive, où chacun partage ses expériences pour enrichir les modules et les rendre plus pertinents, avec une remise en question permanente. C’est un environnement vraiment stimulant, qui fait la différence avec certaines autres écoles où il s’agit parfois juste de cocher des cases. Chez CDAF, l’objectif est de réellement faire progresser les étudiants.
Une enquête menée sur les évolutions de carrière post formation chez CDAF m’a particulièrement marqué. Les résultats sont sans appel : les apprenants progressent de manière significative en termes de responsabilités, de carrière et, bien sûr, de rémunération. Cela reflète parfaitement l’impact des formations chez CDAF et la valeur ajoutée qu’elles apportent à ceux qui s’y investissent.
Quel module préférez-vous animer ?
Mon module préféré chez CDAF, c’est la finance, car en tant que directeur des achats, ma principale préoccupation était de trouver le juste prix : suffisamment bas pour être compétitif, mais pas au point de fragiliser le fournisseur ou de perdre sa collaboration. À force de trop tirer sur les prix, on finit par compromettre la relation et la stabilité à long terme. L’objectif est donc d’aller chercher le meilleur prix possible, le dernier centime, mais de s’arrêter au juste prix, celui qui reste viable pour tous. Ma méthode repose sur un calcul rigoureux des objectifs de prix. Je les présente ensuite comme une évidence aux commerciaux. Je ne quémande pas, j’explique. Cela permet de gagner du temps et de boucler les discussions en quelques visites seulement.
En quoi la collaboration avec CDAF a contribué à votre propre développement professionnel en tant que formateur ?
C’est avant tout l’émulation entre formateurs, basée sur une entraide bienveillante et amicale. Il y a une réelle envie de transmettre et de partager. Lorsque je demande un coup de main à quelqu'un sur un module, je reçois toujours une réponse positive. Et cette entraide est réciproque : quand un collègue me sollicite, je partage volontiers mon approche, sans prétendre qu’elle est universelle, mais en expliquant comment je ferais. C’est cet esprit de collaboration et de partage qui rend l’expérience enrichissante et stimulante, tant sur le plan professionnel que personnel.
Quels conseils donneriez-vous aux futurs étudiants des programmes CDAF ?
Je dirais qu’il faut adopter la même discipline que les grands champions. Les meilleurs joueurs de tennis, par exemple, s’entraînent chaque jour, répétant inlassablement les mêmes gestes, pour conforter leur expertise. De la même manière, il y a toujours quelque chose à apprendre dans les achats, même quand on pense maîtriser le sujet. Un formateur, une discussion en classe peuvent apporter un éclairage ou un témoignage qui vous feront rebondir et évoluer.
Chez Auchan, même les acheteurs les plus expérimentés participaient à des séminaires annuels pour se remettre en question, changer d’approche ou affiner leurs arguments. Ceux qui arrêtent d’apprendre stagnent inévitablement.
Chez CDAF, les formateurs sont également engagés dans cette démarche. En intervenant en clientèle, ils actualisent leurs connaissances, modernisent leurs modules et s’immergent dans la réalité du terrain. Cette approche, combinée à un suivi des alternants et des tendances de la filière, garantit des formations toujours en phase avec les attentes du marché. Mon conseil ? Restez curieux, ouverts, perfectionnez-vous en permanence.
Un mot de la fin ?
J’aurais deux messages, qui se rejoignent sans doute. Le premier, c’est ce que j’ai retenu d’une capitaine de rugby à Lille, qui, avec son équipe bénévole, disait qu’un grand sportif, c’est celui qui sait se relever après chaque chute. En sport, on ne gagne pas tous les matchs, et c’est pareil en négociation : certaines fois, on sort frustré et insatisfait. L’essentiel, c’est de savoir rebondir, d’analyser l’échec, et de revenir plus fort la fois suivante.
Le deuxième, c’est que « rien ne résiste à la ténacité ». La capitaine expliquait aussi que pour jouer le samedi, il faut venir aux entraînements de la semaine. La même chose s’applique aux achats : c’est un métier qui exige beaucoup de résilience et de persévérance. Il faut parfois savoir remettre en question son point de vue, se mobiliser pour défendre celui de son entreprise, et surmonter la pression des objectifs de marge et de chiffre. C’est presque un métier de sportif, même si nous n’avons pas les projecteurs de Wimbledon.
Pour finir, une anecdote : une ancienne élève qui s’ennuyait après dix ans de carrière est venue suivre une formation CDAF, malgré les défis de sa vie personnelle déjà bien occupée. Je l’ai retrouvée deux ans après, épanouie et inspirée par son travail. Elle m’a confié qu’elle abordait son métier comme une succession d’études de cas stimulantes intellectuellement. Elle avait retrouvé un sens et un plaisir au travail, ce qui, à mon avis, est le plus beau cadeau qu’on puisse s’offrir. La vie dans les achats, comme dans n’importe quel métier, a ses difficultés, mais la satisfaction d’un métier passionnant en vaut la peine.